L'Herpès

L'herpès génital : Comprendre, gérer et déconstruire les tabous

Recevoir un diagnostic d'herpès génital peut être une source d'anxiété, principalement à cause des tabous qui entourent cette infection. La première chose à savoir est que vous n'êtes pas seul·e : l'herpès est une condition extrêmement fréquente.

Au Canada, on estime que près de 1 personne sur 7 est infectée par le VHS-2 (le type le plus souvent associé à l'herpès génital), et que plus de la moitié de la population a été exposée au VHS-1.

Le plus grand défi n'est souvent pas médical, car l'herpès est une condition tout à fait gérable. Le vrai défi est de surmonter la stigmatisation.

Pour plus d’informations et recevoir du soutien, consultez cette brochure d’Info Herpès:https://www.infoherpes.org.

La transmission : Le vrai enjeu, c'est l'excrétion virale asymptomatique

L'herpès se transmet par contact direct de peau à peau avec une zone infectée.

Le concept clé à comprendre est celui de l'excrétion virale asymptomatique. Cela signifie que le virus peut être présent à la surface de la peau (et donc transmissible) même en l'absence totale de lésions ou de symptômes. C'est d'ailleurs de cette façon que la majorité des transmissions se produisent.

Cette réalité rend la communication ouverte avec ses partenaires absolument essentielle.

VHS-1 vs VHS-2 : Quelle est la différence?

L'herpès est causé par le virus de l'herpès simplex (VHS), qui existe en deux types :

  • VHS-1 : Historiquement associé aux "feux sauvages" autour de la bouche.
  • VHS-2 : Historiquement associé à l'herpès génital.

Aujourd'hui, cette distinction est de moins en moins rigide. Les deux types de virus peuvent causer des infections dans la région génitale ou buccale. Connaître votre type de VHS peut parfois aider à anticiper la fréquence des récurrences, mais la gestion de l'infection reste la même.

Quels sont les symptômes?

Les symptômes, lorsqu’il y en a, se manifestent au site d’infection, mais aussi près de celui-ci. Ils pourraient donc être apparents autour des yeux, du nez ou au niveau des fesses, par exemple.

Une personne qui contracte l’herpès vivra un premier épisode de symptômes plus intense, appelé la primo infection, puis vivra des épisodes de symptômes récurrents qui seront, généralement, de moins en moins intenses et fréquents avec le temps.

1 - Primo infection
Une première poussée survient en moyenne 6 jours après l’infection et dure en moyenne entre 1 et 3 semaines sans prise de médicaments. Les principaux symptômes sont des petites cloques près des organes génitaux ou de la bouche qui se transforment en ulcères douloureux, et des symptômes de grippe (fièvre, maux de tête, fatigue, courbatures). Cet épisode est considéré comme le plus intense et le plus long.

2 - Épisodes récurrents
La durée et l’intensité des symptômes varient considérablement d’une personne à l’autre, mais ils tendent à diminuer avec le temps. La personne peut également faire l’expérience de prodromes, des petits signes avant-coureurs qui surviennent de 24 à 48h avant l’apparition des lésions.

3 - Épisodes d’excrétions asymptomatiques
Même si aucun autre symptôme n’est visible, ces excrétions sont contagieuses. Ça veut dire que le virus est assez « fort » pour arriver à la surface de la peau et se transmettre, mais pas assez pour causer une lésion. Ces périodes asymptomatiques peuvent se produire entre les épisodes récurrents sans que la personne ne le sache.

Les complications sont rares pour une infection à l’herpès, mais peuvent être graves, comme une encéphalite ou une méningite.

La primo-infection : que se passe-t-il la première fois?

La première poussée d'herpès, appelée primo-infection, est souvent la plus intense et la plus longue. C'est la réaction de votre corps qui rencontre le virus pour la première fois.

À quoi s'attendre?

En plus des lésions (vésicules, ulcères), la primo-infection peut s'accompagner de symptômes de type grippal :

  • Fièvre
  • Maux de tête
  • Douleurs musculaires
  • Ganglions enflés

Ces symptômes disparaissent généralement en 2 à 3 semaines.

Que faire lors d'une primo-infection?

  1. Consultez rapidement : Il est important d'obtenir un diagnostic médical. Un prélèvement sur une lésion fraîche permet de confirmer le diagnostic et de connaître le type de VHS.
  2. Commencez un traitement antiviral : Un traitement antiviral (comme le valacyclovir) prescrit lors de la primo-infection est très efficace pour réduire la durée et l'intensité des symptômes.
  3. Gérez l'inconfort : Suivez les conseils ci-dessous pour soulager la douleur et l'inconfort.

Il est important de savoir que les poussées suivantes (récurrences) sont presque toujours moins sévères et plus courtes que la primo-infection.

Gérer une poussée : Les conseils de votre pharmacien·ne

Une poussée d'herpès se manifeste par l'apparition de petites vésicules ou d'ulcères. Voici quelques conseils pour gérer l'inconfort :

  • Gardez la zone propre et sèche : Nettoyez doucement avec de l'eau et un savon doux, puis asséchez en tapotant.
  • Soulagez la douleur : Pensez aux compresses froides, aux bains de siège à l'eau tiède, ou à un analgésique en vente libre comme l'acétaminophène ou l'ibuprofène.
  • Identifiez vos déclencheurs : Le stress, la fatigue ou les menstruations peuvent parfois déclencher une récurrence. Apprendre à les connaître peut vous aider à mieux les gérer.

Les stratégies de traitement : Épisodique vs Suppressif

Il n'existe pas de remède pour guérir l'herpès, mais les médicaments antiviraux (comme le valacyclovir) sont extrêmement efficaces pour contrôler le virus. Il y a deux façons de les utiliser :

Le traitement épisodique :

  • C'est quoi? Prendre les antiviraux pour une courte durée (1 à 5 jours) dès les premiers signes d'une poussée.
  • Son but? Raccourcir la durée de la crise et diminuer l'intensité des symptômes.
  • Pour qui? Idéal pour les personnes ayant des récurrences peu fréquentes (moins de 6 par an).

Le traitement suppressif :

  • C'est quoi? Prendre une dose d'antiviraux chaque jour, en continu, même sans symptômes.
  • Son but? Prévenir les poussées, réduire significativement le risque de transmission à un·e partenaire, et diminuer l'anxiété liée à ce risque.
  • Pour qui? Recommandé pour les personnes aux récurrences fréquentes ou qui souhaitent réduire le risque de transmission à leur(s) partenaire(s).

Une discussion avec un·e de nos pharmacien·ne·s peut vous aider à choisir l'option la plus adaptée à votre situation.

Vivre avec l'herpès et se protéger

Vivre avec l'herpès, c'est apprendre à gérer une condition de santé chronique commune et se rappeler que cela ne change rien à votre valeur.

La prévention combinée reste votre meilleure alliée : le condom réduit le risque de transmission, et le traitement suppressif est un outil très puissant pour protéger vos partenaires. Le plus important est d'avoir accès à une information juste et à un soutien sans jugement, et c'est exactement ce que notre équipe est là pour vous offrir.